Les nouvelles aventures des Avengers aux prises cette fois avec une intelligence artificielle nommée Ultron, créée par Tony Stark.
Il y a peu, certains nababs d’Hollywood voyaient d’un mauvais œil la prolifération des films de super-héros sur grand écran, arguant même que leur existence provoquerait la fin du cinéma. Propos absurde quand on pense que le rythme de sortie de ce type de production est de trois par an en moyenne depuis environ dix ans. Par contre il est indéniable que les succès au box-office de Spider-Man, X-Men puis Batman ces derniers temps, ont éclipsé bon nombre de blockbusters. Il y a trois ans le triomphe d’Avengers conforte un peu plus l’engouement pour le genre, puisqu’il a amassé la bagatelle d’ un milliard et demi de dollar soit le meilleur score depuis Avatar.
Qu’on adhère ou pas au mouvement, disons-le d’emblée, les prochaines années du divertissement populaire sur grand écran se placeront sous le signe de ces personnages costumés ou ne seront pas. Depuis le pseudo âge d’or du cinéma de genre avec Matrix, le héros américain s’est muté progressivement en super-héros, processus accéléré par les attentats du 11 septembre. Après le temps des westerns, du wu xia, du space opera, des protagonistes body-buildés et des films d’animation, voici venir celui des héritiers du Superman de Donner.

Depuis le revers essuyé par le revival Star Wars dans les années deux-mille, les personnages des univers DC et Marvel comics sont devenus les nouvelles icônes du grand public devant Neo et les hobbits. Et quoiqu’on en pense, malgré les échecs qualitatifs de certains produits, le navire des dieux de l’Olympe contemporains vogue habilement contre vents et marée. Aux commandes, quelques capitaines talentueux, Nolan, Raimi et… Joss Whedon.
Du papier à l’écran
Auteur déjà du premier volet, il faut dire très réussi, Whedon signe ici une aventure des temps modernes, menée tambour battant ce malgré un rythme un peu trop effréné par moments. Si les clins d’œil, très fan service, sont légion dans le film, le cinéaste persiste dans sa vision des freaks, des inadaptés, des anti-héros comme il l’affectionnait il y a plus de quinze ans à la télévision (il dirigeait alors Buffy contre les vampires). En renversant toutes les fondations du premier épisode et en livrant ses protagonistes au doute, Whedon en dépit de quelques maladresses applique ce qui lui est cher et passe le cap des certitudes établies.

En outre, il évite la redondance comique parfois lourde des autres longs-métrages de la série et n’offre pas un nouveau one-man-show à Robert Downey Junior. Surtout, il donne au cours des quarante dernières minutes une leçon de cinéma, construisant et déconstruisant l’espace avec brio et use d’un découpage remarquable. Jamais des bulles de papier n’ont pris forme de manière si convaincante sur grand écran jusqu’à présent. On assiste à la naissance de légendes vivantes et non urbaines, dont l’essence relève autant du fantasque que du réel.
Symbole de l’antithèse artistique ou bouffée d’air frais que d’autres genres ne peuvent plus offrir aux spectateurs, Avengers, l’Ère d’Ultron, étonne, agace parfois, et surtout rend au public son âme adolescente. Ce qui fait du film de Whedon le produit le plus abouti depuis fort longtemps. Le fait qu’il ne réalisera pas le prochain volet laissera un vide regrettable alors que son apport devient peu à peu considérable.
Film américain de Joss Whedon avec Robert Downey jr, Chris Evans, Chris Hemsworth, Mark Ruffalo. Durée 2h22. Sortie le 22 avril 2015
Verstraete François
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