La rencontre explosive entre la psychopathe Harley Quinn, la mystérieuse Huntress en proie à la vengeance, la détective Renée Montoya et la chanteuse surhumaine Black Canary. Elles vont devoir coopérer malgré elles pour protéger une adolescente aux prises avec le terrifiant Black Mask.
S’il était nécessaire pour les femmes de sortir de l’omerta nauséabonde dans laquelle elles étaient enfermées à Hollywood depuis si longtemps, le message envoyé par bon nombre de productions depuis la déferlante Me Too, relève désormais plus de l’approche maladroite, voire de l’attitude putassière que de la finesse analytique que mériterait un tel mouvement. Le cinéma de genre et le cinéma populaire n’échappent point à cet engouement quelque peu racoleur : Wonder Woman, Captain Marvel, Terminator Dark Fate et un plan d’Avengers Endgame en témoignent.
Ce sans compter les nombreux films d’auteurs dramatiques dont la mise en scène illustrative dessert le propos au lieu de l’appuyer. N’en déplaise aux moralisateurs, le comic book et même Hollywood (et le septième art en général) n’ont point attendu ces dernières années pour valoriser des femmes, mais aussi pour évoquer leur condition souvent difficile. Fer de lance du cinéma nippon, Mizoguchi traitait déjà du sujet. Howard Hawks dans sa savoureuse comédie, Les hommes préfèrent les blondes, également. Quant aux comics book, titres Marvel en tête, ils relataient les violences conjugales subites par Janet Van Dyne, il y a près de quarante ans.

Tout ceci pour parler de l’incompréhension face à ce Birds of Prey, nouvelle tentative pour Warner Bros de remplir le cahier des charges qui incombe aux adaptations de comic book sur grand écran, de faire ressortir des antihéros, tendance à la mode depuis Deadpool, Suicide Squad et Joker, et surtout de voguer naïvement sur la vague Me Too. Aux commandes, la débutante Cathy Yan et sous sa direction l’emblématique Margot Robbie et le vétéran Ewan Mac Gregor.
Sans intérêt ?
Le long-métrage raconte l’histoire d’anti-héroïnes cherchant à s’extirper du carcan patriarcal masculin et accéder à l’autonomie sous couvert d’une mise en scène nerveuse et iconoclaste. Soit… Mais malheureusement, ces belles intentions s’envolent très vite. La faute en incombe à des choix particulièrement douteux. À commencer par le montage au cut très souvent raté, incapable de rendre cohérente la narration par flashes-back voulue par la cinéaste. À l’arrivée, on assiste juste à une succession frénétique de saynètes, dignes de mauvais sketches éculés.
Par ailleurs, le ton enclin à la vulgarité et à la violence qui a tant plu déjà avec les catastrophiques Deadpool et Suicide Squad, ne font même plus sourire, ne surprennent plus et en agacera plus d’un. Enfin, il y a cette reprise aussi bien ridicule que non maîtrisée de l’ouverture des Hommes préfèrent les blondes, n’est pas Howard Hawks qui veut, et encore moins Cathy Yan. Le calvaire perdure jusqu’au final au sein d’un parc d’attractions ; l’aspect ludique côtoie les mauvaises références d’American Nightmare et achève les rares bonnes idées du long-métrage… si elles existent.

Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn enfonce un peu plus les velléités de son studio dans le fossé de la médiocrité. Il ne s’agit point ici d’un ratage, d’un essai non transformé pour un premier film. Il incarne toute la prétention d’une industrie, incapable non seulement de se sortir de l’entropie, en tentant vainement de frapper à toutes les portes. Pourtant, Warner a produit quelques pépites du genre par le passé : Superman de Donner, les Batman de Nolan ou Burton ou encore la série Gotham… Warner devrait peut être revenir aux sources mêmes de ce qui a fait leur succès, pas avec un énième reboot mais en soutenant des talents… des vrais cette fois !
Film américain de Cathy Yan avec Margot Robbie, Mary Elizabeth Winstead, Jurnee Smollett Bell. Durée 1h49. Sortie le 5 février 2020.
François Verstraete
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