Soldat d’un commando d’élite appartenant à la race extra-terrestre Kree, Carol Danvers participe à la guerre des siens contre les Skrulls. Au cours d’une mission, elle finit par venir sur Terre, réactivant d’anciens souvenirs. Le début d’un périple aux côtés de Nick Fury, alors simple agent du SHIELD…
Au fil des ans, force est de constater que les studios Disney se sont écartés du chemin de la facilité en adaptant les aventures sur grand écran de personnages nettement moins connus d’un large public. Certains diraient qu’ils attendent de récupérer les ayant – droits sur les X-Men… Mais il est légitime de respecter une certaine prise de risque en délaissant depuis quelques années leurs protagonistes majeurs (Iron Man et Captain America en tête, présents uniquement dans Avengers) pour présenter d’autres héros de leur écurie, parfois plus obscurs : Ant-Man, Black Panther, Doctor Strange et aujourd’hui Captain Marvel.
Il est fort à propos de préciser que Captain Marvel, à l’origine n’est pas le premier pseudonyme choisi par Carol Danvers. D’abord dénommée Miss Marvel, Carol Danvers, dans le comic book, est au départ un agent de renseignements qui, confrontée aux Krees, va être dotée de super-pouvoirs. Elle use du titre Marvel en référence à l’autre héros Kree, le premier… Captain Marvel.

Pour porter ses aventures intergalactiques sur grand écran, Disney place derrière la caméra un couple de réalisateurs, Ryan Fleck et Anna Boden connus surtout pour leur travail sur des épisodes de série télévisée. Quant au casting, en plus du vétéran Samuel L. Jackson, il s’appuie une nouvelle fois sur des acteurs réputés, de Jude Law à Annette Benning, complétant la distribution par la récente oscarisée pour Room, Brie Larson qui incarne l’héroïne en question.
Enlisement
Le faste du décorum des premières minutes dissipé, les cinéastes vont plonger le récit au cœur des années quatre-vingt-dix, voguant sur un voyage dans le passé comme le premier volet de Captain America. Pour justifier la dramaturgie, le long-métrage ancre ses enjeux dans les souvenirs de Carol Danvers bien décidée à comprendre pourquoi elle devient le chantre d’une lutte cosmique. Pour cette version féminine de Jason Bourne, il est justement très mal aisé d’être une femme. Le film prend alors des engagements limpides et honorables, mais manque clairement de finesse au moment de les afficher.

Qui plus est, les scénaristes ne tirent jamais totalement profit du fameux conflit Kree-Skrull, bien moins manichéenne sur le papier qu’à l’écran. En outre, malgré sa présence, Brie Larson peine parfois à convaincre dans son rôle de combattante venue de l’espace. Certes Captain Marvel possède les qualités intrinsèques de l’écurie et veut s’imposer à la fois en concurrent crédible à Wonder Woman et comme un spectacle bien calibré. Pourtant, il ne parvient jamais à trouver sa véritable identité… à l’image de sa protagoniste. Militantisme, space opera, film de guerre ou revival, il pioche ses racines un peu partout sans vraiment imposer une personnalité propre.
En dépit de bonnes intentions évidentes, Captain Marvel souffre de la comparaison avec d’autres bébés de la franchise (y compris un Thor: Ragnarok ou un Ant Man par exemple), ne hissant ses ambitions au-delà de la simple présentation. Malgré des efforts visibles à la fois des réalisateurs et des acteurs, le long-métrage échoue à se distinguer de ses aînés. Sans être forcément désagréable, Captain Marvel relève trop souvent de l’anecdote que de la réussite.
Film américain de Ryan Fleck et Anna Boden avec Brie Larson, Jude Law, Samuel L. Jackson. Durée 2h04. Sortie le 6 mars 2019.
François Verstraete
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