Brillant neurochirurgien, mais aveuglé par son égo, Stephen Strange voit sa vie basculer lors d’un accident de voiture qui le prive de l’usage de ses mains. À l’occasion d’une dernière tentative désespérée afin de recouvrer ses capacités, il entreprend un voyage au Népal ou sa rencontre avec l’énigmatique Ancien bouleversera à jamais sa vision de l’existence.
Après Iron Man, Hulk, Thor, Captain America ou encore Les Gardiens de la Galaxie, la firme aux grandes oreilles adapte un autre héros de la Maison aux Idées, le bien nommé Doctor Strange. Étrange donc, voir surprenant que de porter à l’écran ce personnage singulier dont les aventures diffèrent déjà des standards de production de l’époque. C’est d’ailleurs le tandem Lee-Ditko, dont le travail fut remarquable sur Spider-Man qui donna naissance au sorcier suprême. Et c’est au réalisateur Scott Derrickson à qui incombe la tâche de transposer aujourd’hui les origines de ce magicien moderne.
Le choix de Derrickson n’est point étonnant et s’inscrit dans la ligne directrice de Disney. À l’instar de James Gunn, Derrickson est un pur enfant des productions bis, qui connut son heure de gloire avec l’inégal Sinister. Le casting n’est point en reste avec en tête d’affiche Benedict Cumberbatch, mais aussi Tilda Swiinton, Rachel Mac Adams ou encore Mads Mikkelsen, tous issus du cinéma d’auteur et/ou dramatique.

Feu d’artifice sans étincelle
Avec un sujet moins balisé qu’à l’accoutumée pour un tel projet, et des acteurs à la hauteur, l’espoir d’assister à l’envol des travaux Marvel vers une authentique expérience cinématographique était permis, quand seuls Whedon et Gunn avaient réussi leur pari (et dans une certaine mesure les frères Russo). Hélas, à l’arrivée, le résultat s’avère très loin des premières attentes ; Derrickson peine de fait à trouver un réel équilibre au long-métrage. Certes Benedict Cumberbatch excelle dans son numéro, mais le reste de la distribution est sacrifié tant leurs personnages voient leur substance vidée au fil des minutes.
En outre, si les quarante premières minutes, véritable chemin de croix initiatique sont intéressantes, la suite laisse vraiment à désirer. Le cinéaste fait complètement basculer son œuvre vers une poursuite frénétique d’effets sans liant ni consistance. À l’écran, malgré un visuel de qualité, on assiste à un spectacle sans saveur. Le film s’effiloche en dépit des bonnes prédispositions de son auteur. Le bât blesse surtout dans la gestion temporelle de l’action ; elliptique, illogique et mal coordonnée. Un constat préjudiciable puisque le facteur temps s’érige en élément moteur du scénario.
Malgré ses apparats saisissants et ses velléités de sortir de l’ordinaire, Doctor Strange échoue dans sa quête de renouveau. Pâtissant d’un manque flagrant de maîtrise, il serait dommageable qu’il annonce une suite de productions plus en accord avec Thor qu’avec le premier Avengers.
Film américain de Scott Derrickson avec Benedict Cumberbatch, Chiwetel Ejiofor, Tilda Swinton, Rachel Mac Adams. Durée 1h55. Sortie le 26 octobre 2016
Verstraete François
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