Parmi les nombreux éléments qui définissent un plan et une scène en général, on retrouve l’environnement spatial, qui est censé retranscrire par le cadre et les angles de caméra choisis, les notions de grandeur ou au contraire d’étroitesse à l’écran. Le réalisateur confronte ses personnages à l’infini, à l’immensité ou les confine à l’extrême pour mieux souligner l’aspect oppressant d’une situation donnée. Maîtriser cet aspect si délicat nécessite aussi bien du doigté que de l’imagination, et permet de fait d’intensifier le côté dramatique ou épique désiré.
Ainsi, Steven Soderbergh a démontré son savoir-faire en la matière avec Hors-d’atteinte, quand George Clooney rencontre Jennifer Lopez dans le coffre d’une voiture. Un moment délicieusement romantique. Et King Hu, spécialiste du film de sabre, s’amusait à déconstruire l’espace afin de donner libre cours aux affrontements de ses protagonistes. Une formule que Gareth Evans, auteur du diptyque The Raid s’est approprié avec succès lors du deuxième volet.
On relève, durant le long-métrage, les séquences dantesques au sein d’un restaurant et d’un wagon de métro, qui témoigne de l’étendue du talent du réalisateur dans sa gestion de l’espace, lors de combats d’une rare brutalité. Néanmoins, il est intéressant de se concentrer sur celle de la prison, un modèle du genre. The Raid 2 s’ouvre sur des images de cellules vides, un silence de mort règne puis la caméra se déplace vers les sanitaires d’un établissement pénitentiaire.

affrontement barbare
Quelques secondes avant la frénésie
Quelques instants plus tard, les pas résonnent et se rapprochent de ces lieux exigus et délabrés. Gareth Evans profite de ce dernier moment de répit pour raconter comment Rama, policier d’élite, a atterri dans cette galère. Désormais, il attend ses poursuivants et la rixe démarre. Une vague prise de vue en plongée amorce l’action ; Rama, enfermé dans l’un des cabinets de toilette, assiste à la destruction de son ultime rempart de protection, à savoir la porte. Le spectacle s’avère dantesque, au vu de la multitude d’ennemis en face de lui.
Gareth Evans et son protagoniste exploitent l’endroit, l’un pour filmer le défilé de la cohorte dans une largeur de moins de deux mètres, l’autre pour diminuer l’avantage du nombre et profiter de cet espace resserré pour briser l’adversaire. Les crânes s’écrasent contre les murs et la cuvette… on reprend espoir pour le personnage. Vainement. Gareth Evans rappelle le destin inexorable de Rama, qui luttera pour sa survie tout du long, sans jamais posséder un coup d’avance. Et le sentiment d’inéluctabilité se confond avec cette variable spatiale qui ne cessera d’accabler les combattants. Un tour de force.
Film de Gareth Evans avec Iko Uwais, Arifin Putra, Tiu Pakusadewo. Durée 2h28. 2014
François Verstraete
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