Buck, chien domestique d’une riche famille californienne, est enlevé pour servir comme chien de traîneau en Alaska. Il va alors échouer dans les mains de différents maîtres pour finir par emprunter sa propre destinée.

Classique de la littérature américaine, L’Appel de la forêt a achevé de consacrer le savoir-faire de Jack London auprès de ses contemporains. Ce roman d’aventures animalier, véritable récit initiatique, retranscrit aussi bien les liens si particuliers entre l’Homme et l’animal, mais également la quête identitaire de tout à chacun à travers le prisme d’un chien pas comme les autres.

Le septième art s’est emparé à plusieurs reprises de ces écrits, à commencer par le long-métrage du talentueux William Wellman, réalisateur aujourd’hui oublié d’un large public. C’est désormais à Chris Sanders qu’échoit donc de porter une nouvelle fois sur grand écran le chef-d’œuvre de Jack London. Cinéaste d’animation à qui l’on doit les sympathiques Lilo et Stich ou Dragons mais aussi les scénarios du Roi Lion et d’Aladdin, Chris Sanders passe ici du côté du film live comme Brad Bird avant lui.

Le metteur en scène s’emploie alors à conter cette plongée au cœur de la nature, et s’efforce de subjuguer le spectateur par la vision de ces paysages tantôt parcourus, tantôt souillés par l’Homme. On ne sait jamais vraiment qui de l’homme ou qui de l’animal manque de vertus civilisées, de compassion ou de fidélité. Le spectre de la ruée vers l’or vécue par London lui-même rejaillit avec les démons cupides qui lui sont liés.

Beaucoup d’effets pour rien

Malheureusement, très vite, force est de constater que Sanders ne connaît pas la même réussite que Brad Bird lors de cette entreprise certes noble, mais rapidement vaine. Malgré des moyens assez importants mis à sa disposition et assez visibles, le metteur en scène peine à sublimer son propos et à diriger avec efficacité un casting haut de gamme. Omar Sy et Harrison Ford cabotinent et ne convainquent pas le moins du monde dans ce qui devrait être un film d’aventures haut en couleur.

Beaucoup ont reproché en amont l’utilisation d’effets CGI en lieu et place d’animaux en chair et en os. Pourtant, le problème n’est point là. Sanders ne parvient jamais à émerveiller par la découverte des grands espaces d’Alaska ni à émouvoir par les quelques moments lyriques du long-métrage. Le réalisateur illustre et surligne chaque image, chaque situation à l’instar de l’esprit totémique qui apparaît à Buck durant son apprentissage, toujours plus sauvage et plus libre. Refusant la suggestion, Sanders abandonne son langage cinématographique au placard pour un rendu académique sans saveur.

Ainsi, L’Appel de la forêt devient un échec tenant plus si ce n’est de la fainéantise au moins de la maladresse émanant d’un auteur en manque de repères ou de savoir-faire… aussi bien avec les hommes qu’avec les animaux. Certes, la vision n’est point désagréable, mais loin d’être palpitante, la faute à un spectacle aseptisé et non habité…

Film américain de Chris Sanders avec Harrison Ford, Omar Sy, Dan Stevens. Durée 1h40. Sortie le 19 février 2020.

François Verstaete

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