Légende de l’aéronavale, Pete Mitchell alias Maverick officie désormais en qualité de pilote d’essai. Il a préféré repousser toutes les promotions afin de continuer de voler. Un beau jour, il est rappelé à l’académie Top Gun qui l’a formé trente-cinq auparavant. Cette fois-ci, il va devoir préparer les meilleurs pilotes américains pour une mission des plus périlleuses. Parmi ses élèves se trouve le fils de son ancien coéquipier, décédé durant un exercice…
Sorti il y a près de trente-cinq ans, Top Gun réalisé par Tony Scott, a permis au frère de Ridley d’imposer sa vision du blockbuster stéréotypé à Hollywood et à Tom Cruise de devenir l’icône de toute une génération. Beaucoup vouent toujours à ce long-métrage très surévalué un véritable culte (franchement, quand on s’attarde sur le travail de John McTiernan au même moment, la différence de qualité crève les yeux, mais bon…). Surtout, il est difficile d’expliquer le succès d’un film aux valeurs politiques à l’opposé d’une partie de ses admirateurs (comme quoi…).
Aujourd’hui, Joseph Kosinski reprend donc les aventures du pilote chevronné Maverick, conséquence, entretemps, au décès tragique de Tony Scott. Le cinéaste, coopté par Tom Cruise, avait collaboré avec la star sur Oblivion. D’ailleurs, les faits d’armes du réalisateur ne jouent point en sa faveur, entre Oblivion œuvre de science-fiction ambitieuse, mais médiocre et Tron L’Héritage, une suite calamiteuse d’une franchise déjà dépourvue d’intérêt.

Succès incompréhensible ?
Mais pour le public et une partie des critiques, ce Top Gun: Maverick jouit d’emblée de deux « qualités ». Tout d’abord, il fleure bon la nostalgie des années quatre-vingt (désormais on se réfère plus aux mauvaises productions de la période qu’aux échecs injustes de Michael Cimino ou de Segio Leone). Ensuite, et « gros point fort » du projet, ce n’est pas un film de super-héros et il n’est pas estampillé Disney. Hélas, beaucoup pensent à tort que le formatage provient uniquement de Disney et du Marvel Cinematic Universe, en particulier lorsque l’on aborde le cinéma de genre ou populaire…quitte à faire preuve d’une mauvaise foi intellectuelle patente, à se voiler les yeux, en écartant les défauts béants des autres productions, pas bien brillantes non plus.
Or, force est de constater que Top Gun : Maverick appartient à cette catégorie évoquée, celle des longs-métrages épargnés par ne serait-ce qu’une critique constructive, professionnelle ou publique, qui pointerait du doigt, en temps normal, les failles évidentes de la suite du film dit culte. En effet, très vite, Top Gun : Maverick affiche les limites inhérentes aussi bien à la démarche qu’au manque de talent manifeste de son auteur.

Pour un crash de plus
Dans la lignée de certains revivals grotesques, Top Gun : Maverick se contente très souvent de jouer la carte passéiste comme si remémorer à grand coup de marteau les vagues idées de mise en scène du premier opus constituait un gage de qualité (que ce soient dans les moments dramatiques, comiques ou bien de bravoure). Mais aujourd’hui, il profite des effets spéciaux, de la technologie contemporaine pour « restituer » au mieux les instants d’adrénaline éprouvés lors d’un combat aérien.
Or, ces quelques poussées frénétiques ne suffisent pas à extirper l’ensemble d’une médiocrité assez affligeante, excusée par le « rappel » des anciens et des clins d’œil appuyés. Par ailleurs, le principe de la surenchère dessert le propos et la fameuse plausibilité brandie jadis contre les films d’art-martiaux chinois ; difficile de croire qu’un pilote de chasse âgé de près de soixante encaisse plus de dix G dans la réalité…enfin, la coupe déborde lorsque Kosinski s’aventure sur le tableau dramatique, confirmant son absence totale de maîtrise. Le long-métrage se gonfle d’un pathos frisant le grotesque tandis que Tom Cruise exagère au lieu de jouer la carte de la sobriété.
Cependant, comme expliqué précédemment, une partie des observateurs et du public se ravira en découvrant cette épopée guerrière, il est vrai, très éloignée des exploits surhumains signés Disney et consorts. Pourtant, quiconque s’attardera un poil sur la qualité intrinsèque de l’ensemble, se gaussera de la supercherie, dont le ridicule se rapproche du lamentable cinquième volet de Die hard.
Film américain de Joseph Kosinski avec Tom Cruise, Miles Teller, Jennifer Connely. Durée 2h11. Sortie le 25 mai 2022.
François Verstraete
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