Dans l’optique de sauver humains et mutants, Wolverine est renvoyé dans le passé. Là il devra changer le cours du temps afin d’empêcher la création d’une arme à même d’exterminer les siens. Pour accomplir sa mission, il devra réconcilier deux frères ennemis.

Cinquième volet de la saga, si l’on écarte les deux spin-offs consacrés à Wolverine, ce X-Men : Days of Future Past voit le retour aux commandes de Bryan Singer, metteur en scène des deux premiers chapitres. Passage à l’époque en demi-teinte, Singer se montrant incapable de donner du relief à plus de trois personnages ; problématique pour un film chorale… a contrario, Matthew Vaughn avait réussi l’épisode précédent sur ce point.

Son X-Men : First Class parvint sans peine à trouver l’équilibre nécessaire pour insuffler l’intérêt à l’ensemble de la distribution (près de dix protagonistes tout de même). Le tout basé sur un scénario de… Bryan Singer. Ici on inverse les rôles puisque c’est Matthew Vaughn à l’écriture et Singer donc derrière la caméra. Le but, accoucher d’un projet ambitieux, celui d’adapter l’une des pages illustres de la bande-dessinée originelle, qui à l’époque avait impressionné les fans, mais aussi une partie des critiques réfractaires au média.

Un héritage à honorer

En effet, le début des années quatre-vingt marque l’âge d’or de la série ce, grâce au duo Claremont – Byrne qui propulse le titre vers des sommets qu’il n’atteindra plus par la suite. À leur actif on relèvera Dieu crée l’homme détruit, la Dark Phoenix saga (que Brett Ratner porta sur grand écran à l’occasion d’un X-Men : L’Affrontement final insipide) et donc ce Days of Future Past. Cette histoire de voyage dans le temps menée tambour battant sera d’ailleurs le point d’orgue de la collaboration entre le scénariste et le dessinateur.

Remarquablement écrite, cette saga marqua les lecteurs tant par ses aspects tragiques qu’épiques. Rarement la métaphore politique propre au titre n’a été aussi bien utilisée (racisme, totalitarisme, militantisme armé). C’est donc avec une crainte non dissimulée que tous attendaient cette version sur grand écran.

Maximum syndical

Et le résultat est d’autant plus surprenant. Vaughn n’a point hésité à changer la quasi-intégralité de l’histoire d’origine, mais en garde la substance initiale. Le but étant toujours de parler d’espoir malgré la tragédie en cours. Afin de faciliter la tâche à son comparse Singer, son script ne s’intéressant qu’à cinq personnages au final. Par ce biais, Singer évite les écueils des deux premiers volets et réussit ici à mettre efficacement en place les interactions entre les protagonistes.

Il est d’ailleurs bien aidé par le tandem Mac Avoy-Fassbender, remarquable de vraisemblance surtout pour un film de ce genre. Par ailleurs, Jennifer Lawrence, sans être autant à l’aise que dans Winter’s Bones, délivre une prestation assez juste et touchante. Qui plus est, quelques scènes fort agréables sont à dénoter, des exploits de Quicksilver au face-à-face (ou plutôt esprit à esprit) entre Mac Avoy et Patrick Stewart.

Pourtant, malgré ces points positifs, Singer peine à se hisser au niveau du travail de son prédécesseur n’allant pas toujours au bout de ses idées et sombrant trop souvent dans la facilité. Sa reconstitution des années soixante-dix est d’ailleurs bien moins réussie que la crise de Cuba de First Class. En outre plusieurs incohérences viennent émailler l’action et la fin bucolique contraste avec le ton pessimiste du reste du long-métrage.

Cependant en dépit de ces défauts, X-Men : Days of Future Past s’impose en friandise agréable, porté par un tandem d’acteurs épatant, à défaut d’égaler un X-Men : First Class ou de s’imposer comme le long-métrage référence tant attendu. De fait, on a sous les yeux le film de la saga signé Singer le plus abouti. C’est déjà cela…

Film américain de Bryan Singer avec Michael Fassbender, James Mac Avoy, Hugh Jackman, Jennifer Lawrence. Durée 2h14. Sortie le 21 mai 2014

Verstraete François

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